25 et 26 Mars 2012 : Pic d’Aneto (esp)

Depuis plus d’un an, avec les collègues du boulot, nous avions prévu de faire le pic d’Aneto (pic ô combien symbolique). Le mois de Mars étant généralement le bon moment pour réaliser les grandes ascensions dans les Pyrénées, c’est à quatre (Thierry, Régis, Christophe et moi) que nous partons ce dimanche 25 Mars pour le parking des Bains de Bénasque, et plus précisément de l’hôtel Llanos del Hospital…

C’est 3h15 min de route après le départ (merci Régis) que nous arrivons sur le parking du départ de notre balade. Le soleil brille fort (très fort même) et le monde est bel et bien présent pour jouer dans la neige fraîchement tombée. Premier constat, les dernières chutes de neige ont redonné un bel aspect hivernal à la montagne.

Deuxième constat, il fait très chaud en journée : la crème solaire sera indispensable.

Nous mangeons un peu puis nous nous équipons et partons chargés aux environs de 15h00 sur les pistes de ski de fond. Durant la montée, nous rencontrerons un raquettiste torse nu et en short dès fois qu’il ait trop chaud ! Nous continuons notre progression et arrivons à la bifurcation pour monter vers le refuge de la Rencluse où nous dormirons ce soir. Nous quittons donc les pistes de ski de fond pour partir plein Nord en direction du refuge. La trace est faite et plus que faite car des traces, il y en a partout, signe que nous ne sommes pas seuls et qu’un maximum de personnes est monté soit à l’Aneto soit à la Maladeta durant le Week-End. Dans ce champ de mine, nous essayons de faire une trace façon CAF. Nous observons, malgré l’heure déjà bien avancée, des randonneurs qui descendent encore.

2h après notre départ, nous arrivons au refuge depuis lequel nous pouvons embrasser une grande partie de la montée qui nous attend demain. Force est de constater que des traces, il y en a beaucoup et dans tous les sens… Nous nous installons dans le refuge puis allons boire un petit coup sur la plateforme d’atterrissage de l’hélicoptère. Nous assistons à la descente de groupes de retardataires et nous repérons le cheminement du lendemain. Le soir, nous ne serons pas très nombreux car il y a 3 suisses venus goûter la neige pyrénéenne, 3 espagnols puis nous 4. Nous sommes donc 10, ce qui change de la veille où le refuge était plein comme un œuf. Nous prenons un petit apéro apporté par Christophe (saucisse maison + Ricard) puis passons à table. Au menu : soupe, entrée de légumes verts, saucisse purée et en dessert le Yaourt du chef, surprenant ! Plusieurs théories ont été débattues sur la réalisation de ce yaourt et pour ma part, je n’ai pas pu le finir…

Un groupe retardataire arrive sur le coup des 20h00. Ce sont 7 skieurs de rando qui sont dans le secteur depuis quelques jours. Forcément, ils arrivent tard, ils mangent et se couchent tard : les joies du refuge ! Mais cela dit, pour un refuge espagnol, je suis surpris de constater que l’ambiance est plutôt calme contrairement à une idée reçue qui dit qu’il est impossible de dormir plus de 2h00 dans les refuges en Espagne !

 

Lundi 26, réveil à 6h15 du mat’. C’est tôt mais c’est l’heure ; tout le monde émerge de sa nuit et se prépare pour une longue journée. Nous descendons pour aller prendre un solide petit déjeuner mais il n’y aura que quelques gâteaux et des biscottes… Pas un bout de pain rien de bien consistant pour pouvoir encaisser les 1300m de dénivelées qui nous attendent. Tant pis, nous nous équipons puis chaussons les skis pour partir à l’attaque du sommet. Nous précèdent : le groupe de 3 espagnols qui partent crampons aux pieds ainsi que les suisses qui tracent comme des horlogers. Régis propose de suivre cette belle trace aussi régulière que le tic tac de leur horlogerie. Le départ est somme toute correct, mais par contre, dès l’instant que la montée se fait plus présente, la pente est raide et nous nous écartons afin de garder nos distances. Finalement nous récupèrerons la trace conventionnelle moins raide et moins exposée. Le groupe de skieurs retardataire de la veille, parti quelques minutes après nous, nous dépasse lors d’un arrêt. Nous leur emboîtons le pas jusqu’au col du Portillon Supérieur. Jusque-là, la pente, loin d’être extrême, est quand même soutenue et on se donne pas mal car nous ne traînons pas. Pour ma part, j’ai un petit coup de mou dans la montée : Régis et Christophe me prendront quelques affaires histoire d’alléger un peu le sac. Nous arrivons au fameux col du Portillon où nous déchaussons les skis pour les troquer contre une paire de crampons. Le passage n’est pas trop expos, mais mérite toutefois un peu d’attention. Comme l’a dit Régis : « Vous n’êtes pas polio, vous écartez les jambes et vous ne vous emmêlez pas les crayons avec les crampons ». Ok chef ! Régis, Christophe et Thierry s’encorderont pour plus de sécurité. Nous rechaussons les skis un peu plus loin sur un vaste replat où nous cramons littéralement. Exit la polaire, la gore tex, le bonnet, les gants ; vive la crème solaire et le chapeau. En effet, depuis le passage du col, nous passons sur le versant au soleil et il fait une chaleur à crever. Pas un brin de vent ne vient nous rafraîchir et la chaleur est ici vraiment très forte d’autant que nous sommes tout de même à 2900m d’altitude. Nous continuons notre avancée qui va devenir de plus en plus difficile pour moi. Le mal de tête me guette et les jambes ne sont pas au RDV. Je suis le mouvement dans une superbe trace. Nous arrivons au col de Coronas et là, la pente se redresse. C’est là que j’ai bien cru que je n’y arriverais pas. La trace est raide, un peu bousculée par les traces de descente des piétons, des raquettistes, et mes peaux ont du mal à accrocher. Je serre les dents et monte au mental comme on dit. Ce sera quelques mètres sous le sommet que je déchausserai pour terminer à pied, franchement beaucoup plus facile. Enfin, le sommet est là, nous retrouvons tout le monde. Il reste toutefois le pont de mahomet à franchir. C’est un  petit passage assez aérien, malcommode, constitué de gros blocs de granit entassés. Il y a des groupes qui se succèdent dans le franchissement de cet obstacle final. Pour ma part, je resterai à l’antécime avec Thierry pendant que Régis et Christophe iront faire un tour au niveau de la croix sommitale. La corde est là, assez utile car avec les chaussures de rando + la neige + le monde, mieux vaut ne pas commettre le moindre faux pas. Nous mangeons et soufflons un peu avant d’attaquer la descente. La vue depuis le sommet embrasse tous les plus hauts sommets du secteur qui semblent plus bas alors qu’ils culminent tout de même à plus de 3000m d’altitude. Si la vue sur la France est dégagée, il n’en est pas de même pour le versant espagnol qui nous envoie les brumes de quelques gros cumulus. Le moment de la descente arrive et nous nous équipons pour les 1700m de dénivelées négatives, rien que ça !

Nous partons dans une neige de cinéma dans une pente qui ressemble à une belle piste rouge non damée. Les 2 premiers tiers sont un vrai régal même si l’altitude nous oblige à faire des pauses régulières durant la descente. Le cheminement est, lui, fort simple : il suffit d’aller tout droit. Le dernier tiers est quant à lui en neige plus lourde et les cuisses déjà bien sollicitées sont là encore mises à rude épreuve. Nous nous laissons glisser jusqu’au plateau d’Aigallut où s’achève la descente proprement dite. Nous tombons toutes nos affaires pour faire place au t-shirt car il fait très chaud. La suite consiste à redescendre ce long plateau en ‘talon libre’. Il nous faudra plus d’une heure d’effort pour rallier la voiture dans une neige molle qui ne nous facilite pas la tâche. Les ampoules, elles, s’en donneront à cœur joie. Nous arrivons enfin au parking, fatigués mais heureux d’avoir vaincu le plus symbolique sommet des Pyrénées avec ses 3404m. Ce sera autour d’une «Cerveza grande » que nous nous referons le Week-end d’une bien belle bavante.

Merci Régis d’avoir organisé un Week-end dantesque : neige fabuleuse, peu monde, grand bleu et des images plein la tête !

3 Comments

  1. Sam
    2 avril 2012

    Merci pour cet article et ces photos. Ca va te changer la Grèce…

  2. cyril
    3 avril 2012

    Au niveau du temps, j’espère que vous aurez le même en Grèce!

  3. règ
    4 avril 2012

    j’suis d’accord….si vous avez ce temps en grece..ce sera nickel…
    sinon super l’article..vraiment sympa à lire…je m’y revois…

    Merci à vous pour cette échapée belle 🙂

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