6 jours sur la HRP [4/6]

Étape 39 : Refuge d’Ull de Ter – Refuge de Mariailles
– 25 aout 2012 –

Curieuse étape que voilà. Un petit rampaillou, et puis nous voilà sur la crête frontière, à plat, encore plus que la veille. De la distance, une étape qui s’étire en longueur pour rallier le refuge de Marialles et le massif du Canigou. Une bavante sur le papier. En fait il n’est rien. Les nuages se jouent de nous, et nous nous perdons enfin.

Le réveil réserve parfois des surprises. J’ai insisté sur le fait que nous avons eu du mal à trouver un bel emplacement autour du refuge d’Ull de Ter. Avant le repas, nous en avions trouvé un, et étions partis manger satisfaits. Mais au petit matin, nous sommes encore plus ravis. Il se dégage de cet endroit une légèreté des plus agréables. Le soleil caresse rapidement les crêtes environnantes, et deux isards viennent nous saluer. Les résineux, et le bruit d’un léger clapotis d’eau ne dépareillent pas parmi ce décor enchanteur. Avec Sarah, nul doute, nous sommes conquis.
Il faut pourtant partir, et à nouveau nous nous glissons dans le tracé du GR11. Quelques minutes  ensuite nous retrouvons une route qu’il faut remonter jusqu’à son terminus, qui est en fait le parking de la station de Vallter 2000. S’en suit la seule véritable montée de la journée. Elle ne dure que sur 300 mètres de dénivelé, donc pas de quoi s’affoler. Nous arrivons alors à la Porteille de Morens (2381 m), un col qui  n’en finit plus d’être plat. Un endroit bien curieux. Les distances entre nous s’étirent, non pas en raison de notre rythme, mais c’est juste une impression d’immensité. Se retrouver là par brouillard doit être une sacrée expérience, bien qu’il n’y ait pas de danger objectif. Nous repassons en France au milieu de cet aplat. Les heures qui suivent s’annoncent elles aussi plates à mourir. Au loin le Canigou nous nargue, on devrait y dormir au pied ce soir. Mais pour l’heure, ça fait loin, boudu ! Alors on enfile notre bleu de chauffe, et on allonge le pas. Le vent est toujours là, mais soit on s’y est fait, soit il est moins fort. Les nuages ne sont pas loin, et la lumière filtrée, blanche, offre de beaux tableaux dans un cadre monotone, un peu désolé et toujours minéral. Nous contournons le Roc Colom, et arrivons à la Mort de l’Escoula (oui, oui, la mort est là à 2463 m). Nous nous n’y attardons pas… Derrière, un refuge est calé contre les contreforts, pour ceux qui viennent de l’autre côté, et qui ne veulent pas atteindre la Mort (tu m’étonnes).
Les nuages sont désormais présents alors que nous sommes sur la crête qui sépare la vallée de Prats de Mollo et de celle de Py. Nous sommes alors sur les Esquerdes de Rotja, une curieuse arrête hérissée de petites aiguilles étonnantes. Avec les nuages sombres qui filent à travers, le spectacle est curieux, limite pesant. Nous ne voyons plus grand chose du paysage désormais. Nous nous en tenons à suivre scrupuleusement le sentier, encore balisé, fil d’ariane. Mais bientôt le doute me saisit : le GPS montre un décalage entre le sentier que l’on suit, et le sentier “théorique” sur la carte IGN du GPS. Nous serions 30-40 mètres trop haut. Je trouve ça bizarre. La qualité de réception du GPS est très bonne malgré la météo. Comme le souligne Axel, “de toute façon on suit le bon cap”, et il a raison. Simplement, le tracé du sentier sur la carte IGN semble mal indiqué. Ce sera une confirmation à la Collade des Roques Blanches, où tout converge. L’endroit ferait bien l’objet de notre halte de midi, une table avec banc y sont aménagés, mais le vent souffle un peu, et nous continuons notre chemin. Nous nous arrêtons sans grande conviction à la Collada Verda (2282m). Le vent est toujours un peu présent, et les nuages semblent vouloir se vider à tout moment. Nous mangeons alors rapidement.

Lorsque nous repartons, la pluie commence enfin à tomber. Cela nous pendait au nez. Les protections de sac à dos se déploient. Les écarts se creusent entre nous. Chacun est dans sa bulle, se défendant avec les éléments. Dans la tourmente nous passons fissa à la Collada del Vent (non sans blague ?). Le Pla Guillem est là, tout prêt, cette zone complètement pelée ; nous la traversons dans le brouillard. Le sentier va tout droit vers le refuge CAF. Le GPS nous aide bien pour le coup et confirme le cap à garder. Axel et Melchior guettent les indications qu’il peut nous donner : “ben, c’est tout droit apparemment”. Au refuge, un petit groupe de randonneurs attend accalmie, en faisant un petit feu. Nous apprécions la chaleur de l’âtre. Mais cela semble se tasser et nous repartons dans la brume. La descente est amorcée, mais “Axel les bons plans” nous fait passer dans un endroit pas croyable. Nous retrouvons le sentier classique plus bas, à l’approche de la Collade de la Roquette (2083m). Le reste est une formalité alors que le pluie retombe à nouveau lorsque nous rejoignons la piste terminale.
A l’arrivée, tout est trempé et l’idée de planter la tente dans cette humidité ambiante ne nous enchante guère. La décision est prise de dormir dans la cabane forestière, à proximité du refuge de Mariailles, un refuge où il semble régner une bonne ambiance. Avec le mauvais temps, tout le monde s’y réfugie. Le gardien est causant, et la plaisanterie n’est jamais bien loin. En plus il propose une excellente bière des Pyrénées Orientales, brassé avec du seigle de Cerdagne, répondant au nom de Cap Dona. D’autres sont coupées au Banyuls, etc… Le tout se déroule dans une grande pièce, décorée de très belles photos. Nous apprenons que le gardien en est l’auteur et qu’elles seront publiées dans un ouvrage qui doit sortir cet automne, Past’oral (une bonne idée cadeau ?).
Sur la terrasse nous croisons un couple qui semble ressembler à Loïc et Céline, deux amis de Michel (croisé avant de partir sur la HRP et qui nous avait dit que 2 amis partaient de Banyuls vers l’Ouest faire la HRP et qu’on devrait les croiser). Eux, ne nous connaissant pas, sont surpris de la rencontre. Avec Axel et Melchior, ils échangent quelques conseils sur la suite de l’itinéraire. Le moment est bien sympa. Ils sont tous frais, visiblement heureux d’être là, et motivés d’en découdre avec la montagne. Quelle envie ils me donnent ! Le désir de refaire cette traversée en intégralité comme en 93 est une idée tenace.
Le repas est très bon, bien arrosé comme à l’accoutumé. Lorsque nous sortons du refuge pour regagner la cabane forestière, il faut nuit noire, et la température a bien chuté. Nous nous glissons de plaisir dans nos duvets en essayant de ne pas réveiller nos voisins de dortoir, déjà dans les bras de Morphée semble-t-il.

 

Un commentaire

  1. cyril
    24 septembre 2012

    Vraiment sympa la présence des nuages sur les photos!

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